La vengeance de Robert de Niro 1

Publié le par Onirix


Que l'acteur ait "plus ou moins" délaissé son métier en passant du statut de tête d'affiche  à celui de second rôle, voilà qui est révélateur d'un tempérament  de perfectionniste invétéré.
De Niro au vestiaire abandonné par ses pairs? Lui ? Ses dernières prestations frôlant souvent le cabotinage, voir le réchauffé, on devrait se faire  du soucis pour lui ?

Quoiqu'il fasse, il y aura toujours des détails pour prouver qu'il n'y a pas de hasard. (Dans le sens nihiliste du terme.)

Déjà avec l' Histoire.... alors encore moins au cinéma, vous pensez bien. Ca fait belle lurette qu'il s'en passe des messages... et dans le genre le grand Bob c'est le meilleur, un vrai seigneur.

Les acteurs intelligents doivent savoir déceler le point de rupture ; celui qui leur indique l'instant présent où le talent, inné, est confronté à la stricte réalité du "show-business de la vieillesse" : la perte de crédibilité dans la vitesse. L'interprétation de rôles qu'ils auraient sans doute transfigurés, éclaboussés de leur génie, de leur justesse.

Bernardo Bertolucci disait de Lui qu'il était devenu acteur "pour mieux se dissimuler derrière ses personnages, afin de s'épanouir dans la métamorphose...". 
Un tel niveau de transformisme inclinerait plutôt à y voir une forme de métempsycose plutôt que du mimétisme...
Pourquoi ce titre vindicatif ? Tout simplement parce-que la vengeance, même froide, est une récurrence dans la filmographie de Robert De Niro.  C'est une évidence, elle revient comme un leitmotiv...une récidive !
A tout "saigneur" tout horreur, en précisant que c'est De Niro qui a ni plus ni moins obliger le maestro, Scorcese, à tourner ce film;
Commençons par le premier plan des Nerfs à Vifs  et sa caméra braquée sur le dos musculeux et tatoué d'un taulard dénommé Max Cady. Balaise comme une armoire Louis XV, celui-ci effectue une dernière série de pompes avant de quitter définitivement la cellule dans laquelle il vient de purger une peine de 14* ans
...Le fauve est enfin laché ! link

La caméra balayant les murs de la taule, on apperçoit  brièvement  une chapelle de fortune composée d'icones religieuses, d'une photo de Staline, celle d'un général américain bardé de médailles, une autre d'un étrange personnage en extase transpercé par 2 fèches (étoile à 8 branches), un dessin des Marvel-comics avec Captain Marvel, et surtout... Flèche Noire...

Dans la scène suivante, la femme de l'avocat -Jessica Lange- cherche un logo symbolisant la vitesse, pour un contrat publicitaire avec une agence de voyage. Sa fille -Juliette Lewis- lui suggère alors...une flèche* : " Bonne idée, mais il faut aussi en trouver une autre de stabilité si on veut obtenir un logo représentatif du sujet... " (Balance ?) 

Et le symbole en question il est là, à l'affût, on le sent grognon l'animal, revenchard sur le sort qui lui a été réservé pendant 14 années, par la faute d'un avocat véreux (Nick Nolte)..link link
Sa sortie de prison, pour le moins suggestive, s'accompagne d'une série d'éclairs* qui zèbrent un ciel... très très chargé. Y'a volt-air !  "Hey Cady...t'oublies tes bouquins!" "J' les ai déjà lus ! " (ce qui veut dire qu'ils les a  non  seulement lus, mais assimilés)

L'heure de la vengeance semble avoir sonné pour lui, tant la détermination déforme ses traits. Un prédateur rôde désormais dans la ville à la recherche du magistrat qui l'a trahi. Rien ne vaut, pour commencer, une petite séance de ciné... surtout en compagnie de l'intéréssé et de sa famille en guise de voisins de banquette. L'épaisse fumée du cigare, les rires de provocations, en réponse aux protestations génées de l'avocat, qui ne sait pas à qui il à faire. Le harcèlement a commencé et les menaces suivent. D'abord verbales:                                                   Je t'apprendrai le sens du mot échec...

"Je suis resté enfermé quatorze années avec des primates pas même dignes d'être appelés des êtres humains  dans une cellule de 6* mètres carrés*. Alors j'ai appris à devenir plus qu'un homme, à développer mon côté...féminin. Regarde autour de toi, tous ces petits jeunes...ils ne pensent qu'à eux, ils ne font pas attention aux autres. A leur place, j'apprendrai à éviter les séïsmes..."  (6 mètres au carré = 36*)

Puis physiques : le fauve tourne autour de la maison...le chien retouvé mort, la maitresse de l'avocat agressée, le detective et la bonne trucidés. De toute évidence, la prison lui a redonné du poil de la bête. Toute cette histoire se termine dans les Everglades, sur une rivière secouée par les flots.

Bob Padcady et Nick Padkado sont dans un bateau et ça tangue dangereusement dans l'eau...mais c'est pas du tout argentin comme tango. Et mon Bob qui finit tout crâmé par du détergent liquide inflammable balancé par la demoiselle Danielle, au moment de rallumer son satané barreau de chaise... (Fumer brûle !). Et hop ! Direct à la flotte...non seulement c'était la meilleure solution, mais surtout la plus proche. Il s'éteint sous l'eau avant de remonter comme une torpille à la surface pour recogner sur la tête déjà bien punchée de Nick Nolte. Mais il est clair que Max en a pris un coup sur la théière, et du chaud bouillant.... Il a fondu !

Et patatrac ! ! !  Emportée par le courant  de la rivière déchainée, la vedette se fracasse sur un rocher avant d'échouer sur la berge. On dirait du Katrina and the waves...
Et voilà, enchainé par des menottes  au  bateau qui sombre; Cady disparait dans l'eau en parlant le langage originel qu'il avait promis d'apprendre à Jessica Lange (Mme l'avocate) :

"Je te fairai parler toute les langues de Babel ! " link

J'ai l'air de rire comme ça, mais pas du tout. C'est un bon thriller, filmé de main de maitre avec  des plans et des mouvements de caméras qui glissent sur de la soie. Les couleurs  installent une atmosphère lynchéenne, mais ici dans l'hyperréalisme froid de la violence physique et psychologique : " Je suis Virgile  link, et je te guide vers la porte de l'enfer. Nous sommes, toi et moi dans le neuvième cercle, celui des traitres. Les traitres à la patrie, traitres de leur frères, traitre à Dieu ! ! ! Samuel Bowden, vous êtes accusé d'avoir trahis ces trois principes...et par les pouvoirs qui me sont investis par le royaume de Dieu...je vous condamne au 9 ème cercle de l'enfer ! Vous  apprendrez ce qu'est la perte...perte de la liberté, perte de l'humanité ! "  

Max Cady est comme une projection temporelle de Travis Bickle, le héros déchu de Taxi Driver blanchi de ses crimes par... la justice. Ce vétéran du Viet-Nam sombre dans  la violence en s'imprégnant, au volant de son taxi, de la corruption nocturne qui règne dans les bas-fonds new yorkais.

Attention ! Un vrai chauffeur de taxi est toujours prêt.pour l'imprévu...

Seule solution pour lui, l'action immédiate. La fin du laisser aller dans lequel il s'était enlisé. Devenir un autre homme, une machine à exterminer la "pègre" link









Au programme : entrainement physique intensif et maniement des armes... (Encore plus de pompes?)
Une spirale de la détresse sociale et morale (humaine) qui vire au carnage. " Voici un homme qui n'en pouvait plus, qui n'en peut plus. L'homme qui s'est dressé contre la chienlit, le cul, les salingues, la crasse, la merde... Voilà l'homme qui a refusé !" (Taxi Driver).
 
Attention aux détails... les messages affichés sur les murs de l'appartement : Here IsIRIS* ou Ire Is ?
Travis Bickle se parle à lui même devant un miroir, son regard défiant son propre regard. Comme s' il était le seul adversaire assez déterminé pour oser se défier :  "Are you talkin' to me ?"

Coïncidence si "Cape Fear" a été tourné 14 ans après la sortie de Taxi Driver (1976-1990)? On y retrouve la même volonté à bannir l'injustice de la société par le biais d'une violence irascible dirigée contre les instances sociales, judiciaires, politiques et juridiques. Qui a dit mafieuse ?
Tous les personnages des Nerfs à Vifs sont particulièrement douteux, remorquant derrière eux le poids de leurs  erreurs passées. (voir plus loin Mission)
Seule, la fille de l'avocat corrompu (Juliette Lewis) fait figure d'oie blanche dans ce poulailler de médiocrité.
Elle pourrait d'ailleurs être l' IRIS de Taxi driver, qui n'aurait pas fugué pour finir prostituée à Manhatan (la déjà géniale Jodie Foster en 1976).
Tous les enfers se ressemblent, et comme le dit si bien Cady le père fouettard : "On n'échappe pas à son destin en s'enfuyant de chez-soi..."
 
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Par rapport à la version originale de 1961 avec Robert Mitchum, le rôle de Cady, sous la houlette de De Niro, s'est étoffé d'un fanatisme
nietzschéen, religieux, mystique et brutal. Sans oublier les tatouages*...
 
Ce n'est plus un homme, mais une véritable bande dessinée sur patte. A décrypter à corps et à cri : Il faut lire sa peau  comme des hiéroglyphes de la grande pyramide !
Quels sont les motifs principaux ?
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- Un clown* éploré avec une bible dans une main et un revolver dans l'autre sur l'épaule gauche ( l'arme, l'alarme, et la larme à l'oeil... Fatal ! )

 
- Un moine encapuchonné tenant une faux* sur le pectoral droit, souligné par : " Time of the avenger" (le temps du vengeur)

-" Vengeance is mine !
( Mathieu, épitre aux Romains, XII-19 . " Ne vous vengez point vous-mêmes, mais laissez agir la colère; car il est écrit: A moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. )
- Des éclairs* au niveau abdominal...

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Une petite étoile* noire à 8 branches à la base de la gorge.

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Une autre citation biblique sur l'avant bras droit intérieur : " My time is not yet full come" (mon temps n'est pas encore pleinement venu)

- Une immense croix* occupe presque entièrement son dos. En fait une représentation de la balance* "justice-vérité", comme indiqué par les 2 plateaux stabilisés avec une bible dans un et une épée dans l'autre.

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Un coeur rouge idéalement placé sur le pectoral gauche, scindé en diagonale tel un blason dédié à la mémoire d'un amour brisé, est surmonté d'un mystérieux prénom... Loretta.... C ki celle-là ?

Une scène du film éclaircit notre lanterne à ce sujet quand Cady drague une fille dans un bar. Pas n'importe laquelle bien entendu puisqu'il s'agit de la maitresse de son ex avocat :
Elle :" Vous faites quoi dans la vie?"
Lui : "Je sors de prison..."
" Ca me rappelle l'histoire du type qui rencontre une fille dans un bar et qui lui avoue avoir découpé sa femme en 52 morceaux ; alors elle lui demande s'il est libre... (rires)...mais au fait, pourquoi étiez vous en prison ? "
"Parce-que j'ai découpé ma femme en 52 morceaux...? (rire sardonique)
"Je savais que vous répondriez ça. Mais moi je suis une toute petite personne...(rires).
" Evidemment, avec vous je m'en sortirai avec seulement 32 morceaux " (rires).
" Allez, dites moi la vérité, je suis avocate...pourquoi étiez-vous en prison? "
" En fait, j'ai été arrété au cours d'une manif' contre la bombe H..."

Nos deux tourtereaux se retrouvent aussitôt dans une chambre d'hotel où la fille découvre avec stupeur les tatouages qui décorent la peau de Cady...
(insouciante) : "Qui est cette Loretta ?"
(agressif) : "C'est une ex que j'ai découpé en plus de 70 morceaux !


Une avalanche de coups s'abat alors sur "l'innocente" avocate transformée en punching ball de boxeur professionnel. Mais elle, au moins, s'en sort vivante. On la retrouve sérieusement amochée à l'hopital, contrainte de confesser ses moeurs légères a son amant, tout en culpabilisant sur sa fonction dans la société : " Chaque jour je condamne des gens sans les connaitre vraiment, parfois même des innocents. Et le soir venu, j'en ris avec mes amis... J'ai honte..."
Discours de repentance?
J'aimerai maintenant attirer votre attention sur cette affaire de "morceaux".
En effet, 32 et 52 correspondent aux nombres traditionnels des jeux de cartes...
Et Loretta, "Découpée en plus de 70 morceaux"  est un anagramme parfait (et en français s'il vous plait) : LE TAROT*.
Exactement 77 Lame + 1  = 78.
( le Fou...mille excuses...)
A noter que, le fou mis à part, 7+7 = 14 comme 14 ans...
A vous fendre le coeur je vous dis...
Toujours dans les Nerfs à Vifs, la première rencontre entre Cady, qui se fait passer pour un professeur d'art dramatique, et la fille de l'avocat lève un voile supplémentaire sur la psychologie manichéenne du personnage incarné par De Niro:
Elle : "d'où venez-vous ?"
Lui : " Et si je te disais que suis le grand méchant loup* qui vient de la grande forêt noire*?"
"Tout homme porte un cercle de l'enfer autour de sa tête, Danielle, comme un hâlo de lumière. Il doit traverser l'enfer pour trouver son paradis . Chacun fait des erreurs et doit pouvoir les admettre, c'est le prix du Salut...c'est une vérité humaine, tout est basé la-dessus. Ton père ne le comprend pas lui..."
" Vous êtes Max Cady...c'est ça ?...vous aller me faire du mal...?
"...Il n' y a pas de mal ici Danielle, juste une quête de vérité "
"  Pourquoi vous haissez mon père...?"
" Je ne hais pas ton père...je suis venu l'aider, je prie pour lui...et avec toi, j'ai peut-être trouvé un compagnon pour la grande marche vers la lumière.."  (Frankenstein ! ! !)
Quand il apprend que Cady a approché sa fille, William Bowden décide, par l'intermédiaire du détective qu'il a engager, de recruter trois costauds pour casser la figure à l'ex taulard.
Malheureusement pour eux, les choses tournent au vinaigre...les trois lascars, armés de chaines et
de barres de fer, sont mis en déroute par un Max Cady déchainé, devant les yeux médusés de l'avocat, caché derrière une...poubelle. link
" Je suis plus intelligent que vous, petite racaille blanche, je suis meilleur philosophe que vous car je suis aussi grand que Dieu et il est aussi petit que moi ; Il ne saurait être au dessus de moi, ni moi au dessus de lui...Angelus Silésius !!! link
Le détective privé, engagé par l'avocat avait surpris Cady en train de lire Nietzsche dans une bibliothèque municipale : "Ainsi parlait Zarathoustra !". Crime de lèse majesté?
Nous sommes donc bien confrontés à une conception manichéenne de la spiritualité, qui accrédite l'existence, la vie, à l'opposition des forces contraires universelles : le Yin et le Yang*, le bien et le mal.  Eternelle histoire de coeur brisé...
Quand il parle de grande forêt noire, fait-il allusion au symbole yin du Tao, qui contient le germe blanc (la grande forêt noire, la lumière dans les ténèbres...), comme il l'avait déjà fait au début du film en parlant d' Echec ?

N'oublions pas que Noir, en français, est l'anagrame de Niro (Iron en anglais : fer-métal). 
Son grain de beauté sur la joue droite
ressemble à s'y méprendre au point noir du Yang taoïste... le coté obscur de sa force ?
 Angel Heart et Frankenstein.
Dans Angel heart il endosse la peau et les os de satan en personne... Lucifer en fait. Attention, ils sont peut-être susceptibles à l'ordre hiérarchique dans ce milieux sulfureux... Mister Louis Cyphre, lui, est aussi machiavélique que rafiné. Ce qui montre à quel point il joue de l'élégance...la preuve en image ci-dessous :
Quand on se souvient que De Niro avait refusé d'incarner Jésus dans la dernière tentation du Christ de son ami Scorcese (Sous pretexte qu'il n'arriverait jamais à marcher sur l'eau ?) pour être remplacé par Willem Daföe ...il  y a de quoi frémir. Mais enfin quoi? C'est du gâteau pour lui voyons. Lucifer, vous savez ? Le fameux porteur de lumière (comme celle, lunaire, qui nous éclaire la nuit ). Le "Lou-Is" de la grande forêt noire.
Tiré d'un roman de je ne sais plus qui ("Sabah à Central Park"), Angel Heart est un polar d'une noirceur d'autant plus profonde qu'elle frappe aux portes de l'enfer.
 C'est l'histoire d'un privé, dans le plus pur style vagabond du terme, qui se voit chargé par un mystérieux commanditaire d'une enquête qui, sous des apparences anodines, vont l'amener à retrouver la mémoire et sa véritable identité.
Le détective Harry Angel, joué par Myckey Rourke, est  engagé pour retrouver un ancien chanteur célèbre qui a omis de régler une dette au fameux commanditaire : un certain Louis Cyphre. Tout un programme.
Le nom du chanteur prête à réflexion... Johnny Favourite : Jean le favori ! ! ! !
La descente aux enfers s'avère sordide dans un univers glauque, infesté de vaudou et de meurtres sacrificiels. Bref, c'est çà la Louisanne et son blues de bastringues, les cuivres qui couinent, les pianos déjantés et les voix déraillées.
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Harry Angel ne respecte pas non plus le contrat passé avec Cyphre, au prix de la vérité. La sienne. Et elle n'est pas belle à voir...
Le face à face entre les deux acteurs est aussi savoureux que sulfureux :
Cyphre: " Dans de nombreuses religions l'oeuf* est le symbole de l'âme...voulez-vous un oeuf ?"
Angel: " Non merci, j'ai un truc avec les poulets**..."  link

  "Tragique est la sagesse quand elle n'est d'aucun recours au sage."
  "Louis cyphre...Lucifer...même votre nom est un mauvais calembour !"
"Méphistophéles venait mal en bouche à Manhattan...(menaçant) une queue et des pieds fourchus seraient-ils plus convaincants ?...la mort est partout de nos jours, mais qu'est-ce qui donne à la vie sa vraie valeur? Le fait qu'on l'aime? Qu'on la déteste? La chair est instant, seule l'âme est immortelle...et la tienne m'appartient ! ! ! !
C'est ça, regarde bien, glisse de mille façons ton regard  vers le miroir*...son reflet te fixera toujours droit dans les yeux *! ("Are you talkin' to me ?" )

 Au travers du regard d' Harry Angel, c'est toute l'Humanité qui doit se regarder en face, et réaliser qu'elle est loin d'être un ange...
 Une psychanalyse fatale au criminel qui a oublié ses crimes odieux, au point de ne pas vouloir les reconnaitre...jusqu'à l'évidence. Une descente au fin fond des enfers sans pararachute, et splasshhh ! ! !
Y avait pourtant un ascenseur pour descendre :
link

Merci à Alan Parker d'avoir filmé ce périple sanglant faussement faustien, qui remet les pendules à l'heure sur les causes, les effets, et les conséquences du bien et du mal dans nos sociétés. En effet, qui juge qui et pourquoi ? Qui a le droit de juger son prochain en omettant de se juger lui-même ?
L'égoïsme qui ronge et domine l'humanité depuis l'éternité, voilà la véritable reponsabilité collective à éradiquer !

 ( Steven Archer picture)


Ces mêmes notions sont reprises dans le FRANKENSTEIN de Kenneth Brannagh. Le final est éloquent, qui voit le monstre partir à la dérive debout sur un fragment de glacier (Le réchauffement climatique déjà?). Il brandit  une torche au dessus de lui (le porteur de lumière encore !) avant de s'immoler tel le Phénix* de la légende.
Relativement fidèle au roman éponyme de Mary Shelley (Wollstonecraft ! ! ! link et  La derniere folie du docteur Lovecraft  ), le film, même s'il ne peut-être comparé au chef d'oeuvre avec Boris Karloff, n'en demeure pas moins, une version de qualité. De Niro sort le grand jeu, c'est du "décousu" main" si vous voyez ce que je veux dire... Il nous offre autant de perles en guise d'appâts. Cet homme est un éternel grand pêcheur ! Quelques détails, liens et dialogues :

Sa première apparition à l'écran est celle d'un miséreux, borgne et unijambiste, qui poignarde un médecin après avoir refusé de se laisser inoculer un "vaccin" contre la peste noire. On le retrouve plus tard à haranguer la foule, avant d'être pendu et de servir, par la suite, à la fabrication du monstre de Victor Von Franfenstein : la Créature.
"
Allez au diable ! C'est vous qui méritez la mort ! Dieu vous punira...la punition de Dieu ! "

Dieu, Diable, on y revient toujours et encore. On croirait du Max Cady dans le texte.
Finalement l'histoire de Mary Shelley n'a pas vieillie d'un ADN, c'est à dire toujours la même. Celle où la science veut s'élever en championne universelle de la connaissance, de manipulations génétiques en dérèglement climatiques, d'expériences chimiques en désastres atomiques
link
Que de tours de Babel à avaler...
La première rencontre entre le créateur et sa créature:
Frankenstein : " Ainsi vous parlez..."
La créature : " Oui. Je parle, je lis et je pense...et je connais la voie des hommes.
Tu m'as donné des émotions sans m'apprendre à m'en servir...les gens dont tu m'a composé, qui étaient-ils ? Des gens qui faisaient le bien ? Le mal ? Ignores-tu que je sais en joué (de la flûte) ? En quelle partie de moi résidait ce savoir ? Dans cet esprit...dans ces mains...dans ce coeur ? Et lire et parler, ce sont moins des choses apprises que des souvenirs (Mémoire génétique). Et mon âme, j'en ai une moi ou est-ce un ingrédient que tu as oublié ? Qui suis-je ? Tu m'as créer pour ensuite m'abandonner à la mort
. "

Le monstre demande une compagne à son créateur, comme Adam aurait réclamer Eve à Dieu dans le jardin d' Eden.
Simplement pour ne plus être seul, rejeté de tous. Pouvoir fuir avec elle au Nord et ne plus réapparaitre à la vue des hommes.
" Pour vivre en sympathie avec un seul être, je suis prêt à faire la paix avec tout les autres...
J'ai en moi une puissace d'amour que tu es à cent lieues d'imaginer, et une violence enragée que tu ne peux concevoir. S'il m'est interdit de satisfaire l'un, j'assouvirait l'autre!
"
Chose faite avec le meurtre de la fiancée de Victor F., rapidement transformée à son tour en puzzle humain...  


L'homme n'est pas satisfait de sa condition ? Le monstre non plus. Et pourtant, il assistera à la mort de son créateur en pleurant comme un enfant devant la dépouille de son père
La créature, à l'instar du héro illéttré des Nerfs à Vifs, apprend seule, elle découvre la pensée, puis la parole, puis la lecture. Ce n'est qu'ensuite qu'elle agit et songe à se venger. Autodidacte.
Abandonné par son avocat, Max Cady se trouve, lui, dans l'obligation de défendre lui même ses droits en justice :
" J'ai commencé par lire des bandes dessinées, d'abord "Oscar découvre la ferme", "Bugs Bunny s'évade", et j'ai poursuivi avec des livres de droit...après vous avoir congédié, je me suis défendu tout seul !
L'esprit de vengeance qui anime ces deux personnages résulte de leur nouvelle faculté de compréhension.
Cady signifie en français boite* à thé*
( Cadi = juge link ! ! !), la boisson des sages de toutes croyances et religions confondues, le breuvage qui tient éveillé...face à ceux qui sont endormis ?

De quoi lancer un juste clin d'oeil au film l"Eveil", quand De NIro, en pleine nuit, debout devant la fenêtre, demande au médecin : " Tout le monde dort et moi je suis éveillé*?".
Jusqu'à semer le désordre dans l'hopital psychiatrique en clamant haut et fort que les gens normaux, c'étaient lui et ses petits camarades de l'hopital, et pas eux les médecins (pour un peu il les enverrait griller en enfer, comme le borgne pendu de Frankenstein).
Le pire c'est que la fin démontrera qu'il avait raison... Et quel message a-t-il voulu faire passer en traversant le carrelage en damier, en diagonale...sur les cases blanches ?
La diagonale du fou*?
Léonard Lowe ( Law ?), un adolescent  victime d'une épidémie d'encéphalite chronique, perd soudainement toute ses facultés motrices et sensorielles. Il reste plongé dans un état léthargique, comâteux,  pendant plusieurs années.
S'il connait une brève période d'éveil, à l'age de 40 ans,

c'est grâce à la perspicacité (antithèse de la cécité) du docteur Sayer. Celui-ci, jeune chercheur fraîchement arrivé, décèle, chez ses patients, les symptomes de la maladie de... Parkinson.
Seulement, leurs tremblements atteignent un tel niveau vibratoire qu'ils provoquent des spasmes qui demeurent invisibles à l'oeil nu.
C'est la raison pour laquelle
ils restent bloqués, recroquevillés sur eux-même, les nerfs (à vifs) tendus comme des cordes à violon. Y a un rouage qui coince...
D'où l'idée lumineuse  de Malcom Sayer. Il teste, sur Léonard et ses "amis", des médicaments prescrits dans les cas de maladie de... Parkinson. Et ça marche !
Un remède, destiné à ralentir des gens qui vont trop vite, permet de réanimer des gens qui ne bougeaient plus du tout parce-qu'ils allaient encore plus vite?
Logique ! ! !
Bon, Malcom n'est pas trop aidé dans sa croisade. Pour continuer le traitement, il lui faudrait de la monnaie, des émoluments. C'est pas gagné d'avance, alors encore moins en arrière...
Non seulement les pontes en blouses blanche rechignent à payer, mais en plus ils mettent en doutes ses méthodes jugées peu conventionnelles. Bref, les pontes ferment les portes du pénitencier psychiatrique.
Une bonne raison pour ne pas filer de subvention non? Vive le Parkinson twist,  et vive l'évolution ! Même brève, la revanche de Léonard Low ressemble à un sermon...

Un sermon qui prend des allures de faux témoignage dans SLEEPERS...les endormis ! ! ! link
Sauf erreur, c'est la quatrième fois que De Niro porte la soutane au cinéma ("Nous ne sommes pas des anges" ; "sanglantes confessions" ; " Mission). Un rôle empreint de discrétion, mais décisif sur les comportements des personnages centraux.
Après avoir accidentellement tué un homme, des gamins purgent une peine de détention dans un établissement de redressement. Ils deviennent les souffres douleur d'un gardien sadique qui leur fait subir les plus cruels sévices...
Quelques années plus tard, deux des victimes, devenues adultes, retrouvent par hasard leur tortionnaire dans un bar. Ils décident alors de se venger, et le tuent de sang froid !
Un prêtre (Robert de Niro) qui s'occupait d'eux avant qu'ils ne soient incarcérés, n'hésite pas, au cours du procès, à faire usage de faux témoignage afin de faire aquitter...les coupables ! L'idée de vengeance est ici dirigée en faveur de personnes qui se sont fait justice elles-mêmes, et  tourne autour du mensonge. Mais un mensonge destructeur d'injustice : Une reconnaissance de la légitimité de la vengeance. (oeil pour oeil, on connait l'histoire...)
Car le mensonge est primordial dans nos sociétés humaines. Sans lui, bonjour la discorde... C'est à dire qu'ils n'y aurait plus d'amis, plus personne ne s'entendrait... Par contre le mensonge devient dangereux quand il nuit à autrui. Par exemple quand on cache une ignominie on en devient complice...
Sculpté dans la trame du "Monte Cristo" de Dumas, hymne à
la vengeance  s'il en est, Sleepers en porte bien l'emprunte...en version soutane.

Une Mission ! (B.O. d'Ennio Morricone
link sublime vidéo et je pèse mes mots ! ! ! )
Dans ce film de Roland Joffé (La Déchirure), co-palme d'or à Cannes, c'est la vie de Saint Paul qui est revisitée, mêlée au mythe de Sisyphe, à travers le personnage incarné par Robert de Niro.
Rodrigo Mendoza est un tueur, un chasseur d'homme, un marchand d'esclave, job qui fait fureur en cette époque d'inquisition. Surtout dans l'Eldorado que constitue pour les royautés européenne, Espagne et Portugal en tête, les colonnies d'Amérique du sud.

Notre homme prospère jusqu'au jour où il tue son frère en duel par jalousie, simplement coupable d'être amoureux de sa bien aimée...
A cet instant, rongé par les remords, son état d'esprit va basculer sans perdre la raison.
En prison, alors qu'il s'est réfugié dans un mutisme total, Gabriel, un frère jésuite, le convainc de le suivre dans la mission qu'il bâtit dans la jungle, destinée à abriter les tribus autochtones pourchassées et exterminées.
Mendoza le mercenaire sans scrupules s'engage alors sur le chemin de la rédemption, non sans avoir sué sang et eau. Pour escalader les pentes escarpées qui mènent au village guarani, il traine derrière lui un filet*. Une lourde charge composée de son armure et de ses armes. A plusieurs reprises, d'épuisement, il lâche son fardeau pour le remonter aussitôt avec une hargne
telle, qu'elle montre aux yeux de tous sa volonté farouche, son désir véritable d'expiation.
Le mythe de Sisyphe*, condamné à remonter éternellement son rocher (le poids de ses fautes) est revisité en pleine forêt équatoriale. L'arrivée au camp est d'une intensité dramatique mémorable. Rompu par la fatigue, barbu et hirsute, Mendoza s'écroule, à genoux, aux pieds d'un enfant indigène qui le reconnait parfaitement. Après avoir brandi un couteau, le gamin coupe la corde du fardeau...
Par ce geste symbolique il délivre l'homme déchu de ses crimes. Hallelujah ! ! ! C'est l'heure de la rédemption. De Niro fond en larme, il découvre le pouvoir du pardon et de la compassion. A l'image de Saint Paul qui, après avoir pourchassé les premiers chrétiens, est devenu l'apôtre en chef de la deuxième génération, Mendoza mettra désormais sa vie au service de ceux qu'il exterminait. Il vit avec eux, il les aime et ils le lui rendent bien ! ! !
Des enfants guaranis lui tatouent le corps ! ! ! ! ! ( Le premier qui me demande  la raison de tant de points d'exclamation va me mettre les nerfs à vifs)
link
Evidemment les affaires se gâtent quand l'envoyé spécial du Vatican débarque pour se prononcer sur le statut physiologique des véritables autochtones. Une situation semblable à la controverse de Valladolid link, c'est-à dire : ces gens sont-ils des animaux ou des êtres humains ? La seconde réponse n'entrant pas dans les intérêts des puissances coloniales, il est rapidement décrété que la première était la bonne...malgré l'emerveillement de l'émissaire du pape devant la créativité magnifique des indigènes. link
Toutes les missions en construction dans la jungle doivent-être détruites. Aléa Jacta Est !
A cet instant la résistance s'organise au sein de la mission jésuite, mais elle se scinde en deux voies distinctes. Les partisans de la résistance passive emmenés par le frère Gabriel (Jérémy Irons), et les autres qui décident de prendre les armes pour se défendre. Inutile de préciser qui s'occupe de l'organisation défensive...
C'est d'ailleurs l'enfant qui l'avait délivré de son fardeau qui tend son épée* vengeresse à Mendoza, lui signifiant ainsi que le moment était venu pour lui de prouver qu'il était digne de son choix.
On se souvient alors de la scène d'ouverture, quand le cadavre d'un jésuite attaché sur une croix et courronné d'épines, est emporté par le torrent...il fait une chute
vertigineuse du haut d'une cataracte (voir affiche). La croix à l'envers ! La Parole refusée. Mauvais présage pour les missionnaires. Leur bonne volonté n'est pas toujours suffisante pour instaurer la confiance.  Les indiens n'ont plus confiance en l'homme blanc ni en la foi chrétienne qu'il tente de leur inculquer. Ce sera irréversible. Après le massacre et la destruction de la mission, un enfant survivant regarde les ruines encore fumantes de la "maison de Dieu" avec incompréhension. Il ramasse un violon qui flotte sur l'eau, avant de partir en pirogue avecs d'autres petits orphelins. Qui avait fait le bon choix ?


De choix, il en est également question dans Heat,
l'étourdissant polar crépusculaire de Michael Mann. link. Avant de prendre le large avec sa nouvelle compagne, Mc Cauley se retrouve confronté à un sérieux dilemne : oublier le tueur sadique qui avait fait dégénérer un braquage, ou assouvir sa vengeance avant de partir... Son choix est fait ! Pourchassé par la police, il sait qu'il risque gros s'il manque l'avion qui l'attend. La fille aussi l'attend, dans la voiture elle...
Protégé par la police, dans une chambre d' un palace-building, le sinistre Waingro se croit en sécurité. Erreur, Mc Cauley déjoue toutes les alarmes et systèmes de surveillance et parvient à l'exécuter.
link
De retour à sa voiture, il aperçoit dans la foule le flic qui le traque. Un bref regard vers la fille, et il se met à courir, pourchassé par le policier. Les deux hommes sont forgés du même métal : irascibles et ingénieux. S'il ne s'apprécient pas car tout les oppose, ils se respectent.
L'un a choisis de se mettre au service de la loi, l'autre à choisi de la baffouer.
Mc Cauley est un solitaire doté d'une méfiance naturelle qui le rend assez chatouilleux.
Malin comme un singe, il échappe toujours à la surveillance policière.
"Les flics te perdent la nuit*..."

Qu
and la fille de la bibliothèque tente de l'aborder en lui posant des questions, il se met aussitôt sur ses gardes avant de se radoucir.
Elle :
"Qu'est-ce-que vous lisez? Charge de rupture du titane*..."
Lui : " Oui, c'est un livre sur les métaux, je suis représentant en métallurgie..." (iron).
Fidèle à son principe, il finira tué par balle par l'inspecteur incarné par Al Pacino.
" Quand tu as choisis de vivre dans la rue, tu dois être capable de tout abandonner en moins de trente secondes si tu vois un flic à un coin de rue..."

Le face à face des deux mammouths hollywoodiens tient toutes ses promesses. Il est vrai qu'ils n'avaient jamais joué ensemble. Il ne partageaient pas les mêmes scènes dans...

le Parrain 2
. Ultime chef-d'oeuvre de Francis Ford Coppola... de vengeance aussi il est beaucoup question ici, et dans les deux époques parallèles par dessus le marché. La période seventies qui met en scène la vie tumultueuse de la famille Corléone
link   link, descendants d' un parrain d'une branche de la mafia, Vito Corléone, dont la jeunesse est relatée dans des flash back d'un esthétisme parfait link  (la preuve en image). C'est la période qui nous intéresse. De Niro interprète le parrain jeune; son arrivée et son adaptation à New-York dans un quartier de Litte Italy. Comment, en se faisant respecter par ses amis comme par ses ennemis, grâce à sa grande sagesse, sa ruse et sa témérité, il finit par s'imposer à la tête d'un clan familial qui vit de traffic d'huile d'olive en provenance de Sicile. Plus précisément du village qu'il avait quitté en fuyant la mafia locale qui avait assassiné son père, et tué sa mère sous ses yeux d'enfant...


A son arrivée en Amérique, le petit Vito Andolini est rebaptisé du nom de son village: Corléone.

Cliquer pour la suite : La vengeance de Robert de Niro (suite)












                                                        

            


                                                                                                            














  


















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